Apparu dans la Cité des Doges, sous les Médicis, le casino contemporain a connu une irrémédiable montée en puissance: il s'est développé à travers le globe. Aux USA, toute une ville est intégralement promise au jeu, la controversée Las Vegas. Rien de curieux à ce que la toute première machine à sous ait été inventée dans cette partie du monde, plus de 100 ans avant la machine a sous gratuite qui a envahi les casinos en ligne. Reine des jeux lucratifs depuis cette période, sa toute-puissance reconnue s'avère être la suite d'une traîtrise.

D'origine germanique, son découvreur, le ressortissant américain Fey, est doté un réel sens des affaires, et ce bien qu'il soit éprouvé par une terrible infirmité. Infirmant des pronostics médicaux très pessimistes, il s'aventure dans l'exploitation de modèles de machines à sous. Fasciné par les roulettes qui pullulent, en ces temps là, dans cette région, il fonde son entreprise. Un peu plus tard, il mesure leurs notoires anomalies. De ces observations, germe la nouvelle machine a sous avec jackpot, nommée Liberty Bell.

Plus légère que les roulettes conventionnelles, elle présente plus de combinaisons et un paiement mécanique: plus besoin de demander ses deniers au propriétaire des lieux. La nouveauté est conséquente, et cette machine à sous conquiert, immédiatement, un fort essor. Fort de  cette célébrité, le génial inventeur garde jalousement le secret de fabrique de sa découverte. Hélas, une pièce est subtilisée dans un débit de boissons, et sera dénichée dans le hangar  du gérant d'une autre société; celui-ci, dépourvu d'éthique, crée un produit très ressemblant.

Derrière ce gênant évènement, de nombreux concurrents ont suivi l'exemple: les ravages sont monumentaux pour Fey. Les traditionalistes fustigent, avec véhémence, cet appareil de débauche, mais ces ennemis n'endigueront pas la croissance des machines à sous. Néanmoins, alertées par l'enthousiasme indomptable des usagers, les différentes administrations ont censuré, pendant la Prohibition, les machines à sous. De surcroit, la prohibition corrélative de l'alcool, gêne les endroits qui hébergeaient ces machines. Les exploitants furent obligés de dégoter un palliatif: dorénavant, les cafetiers ne distribuent plus de l'argent aux joueurs mais des gourmandises!

A notre époque, la descendante de Liberty Belle triomphe de les jeux d'argent. Cette domination est inattaquable. Machine simple à appréhender, elle séduit de nombreux joueurs. Cet engouement se justifie par  l'espérance de jackpots mirifiques: le craps et le baccarat,notamment, n'annoncent pas de tels gains. Une gagnante, âgée de cinquante quatre ans, a décroché un jackpot de 1,7 million d'euros. Les machines à sous n'excitent pas du tout l'intelligence et  ne demandent aucune prédisposition spécifique; un seul réflexe apparait utile: effleurer un ridicule bouton. Seule la joie de discerner les symboles gagnants motive le visiteur. Les machines à sous  assurent la plus grande partie des recettes des casino modernes. Irremplaçable aujourd'hui, elle a  sensiblement innové depuis la Liberty Bell: le bruit des cloches a été remplacé.

D'innombrables protagonistes illustres de cinéma occupent les casino, car ils sont dessinés sur ces engins. Leurs lumières aveuglantes, et leur ramdam strident, aident à mettre en place l'atmosphère du casino contemporain. Bien sûr, elles ont colonisé la toile. Réglementée par les autorités,  en sa qualité de jeu d'argent, la machine à sous  moderne est plébiscitée car elle reste, malgré son perfectionnement, un outil récréatif et fructueux.